À l’intersection de la sécurité et de la sûreté

Canadiansecuritymag.ca 

Par John Slater

Le dictionnaire définit la sécurité comme étant « ce qui protège ou garantit la sûreté de l’État contre l’espionnage, le vol et d’autres dangers » et définit la sûreté comme « l’état d’être à l’abri des dangers et des risques ». Selon le lexique de la American Society of Industrial Security (ASIS), on entend par sécurité « l’état d’être protégé contre les risques, les menaces, les dangers ou les pertes ». Alors où se trouve l’intersection entre la sécurité et la sûreté ?

 

Je suis relativement « nouveau » au secteur canadien de la sécurité ; lors de mon entrée en fonction à Commissionnaires en 2007, j’avais près de 32 ans d’expérience dans les Forces armées canadiennes. Comme pour bien d’autres, la sécurité signifiait principalement pour moi la protection contre l’activité criminelle et terroriste. Outre la sécurité des employés, je n’avais jamais imaginé que le concept de la sécurité devait être intimement lié aux plans de sûreté d’une entreprise. 

Jusqu’à il y a cinq ans, ma division offrait des services traditionnels d’agent de sécurité – contrôle d’accès, patrouilles des périmètres, observation, etc. L’objectif était de décourager les méfaits, d’observer, et de signaler tout problème de sécurité soit au service de gestion du client ou, dans certains cas extrêmes, directement à la police.

Tout ça a changé ici dans le Nord de l’Alberta lorsque nous avons commencé à servir de grands clients du secteur des sables bitumineux. Nonobstant le caractère relativement anodin du niveau de menace auquel sont habitués les Canadiens, nous nous attendions à réaliser les mêmes fonctions de sécurité que nous réalisons depuis les 75 dernières années. Bien que nous ayons constaté à notre arrivée un certain niveau d’activité criminel, le vol de camions et de tuyaux surdimensionnés demeurait très rare. L’essentiel cependant était d’appliquer les programmes de sûreté en constante évolution des clients. 

 Sur certains sites, je n’ai pas le droit de rendre visite à mes employés parce qu’on doit avoir réussi une multitude de cours de sûreté spécialisés avant d’avoir le droit de franchir l’entrée principale. Ainsi, le contrôle d’accès est le point de départ à ces endroits et, dans certains cas, on parle de milliers de travailleurs. Il importe de souligner également que ces sites sont parfois immenses et comportent leur propre réseau d’autoroutes. Ainsi, une fois sur le site, le service de la sécurité doit assumer une multitude de fonctions : gestion de la circulation, contrôles par radar pour empêcher les excès de vitesse, suivi par GPS des véhicules de l’entreprise, application des politiques de l’entreprise sur l’alcool et la drogue, et beaucoup plus encore. Ces fonctions sont directement liées aux programmes de sûreté des clients et je dirais même qu’elles l’emportent sur la possibilité qu’un outil disparaisse occasionnellement dans le coffre d’un employé.

Ces politiques sont influencées par plusieurs facteurs, notamment les exigences accrues des conseils d’administration et de la haute direction en matière de diligence raisonnable en conjonction avec une réglementation de plus en plus rigoureuse. Compte tenu du coût élevé associé aux avantages sociaux, les accidents peuvent avoir une incidence importante sur les marges de l’entreprise lorsqu’on tient compte des primes payables à la régie des accidents de travail, du risque d’amendes onéreuses, de l’importance d’un environnement de travail sécuritaire dans le contexte d’un bassin limité de main-d’œuvre, et de l’effet potentiel sur la rémunération conditionnelle des cadres. Somme toute, la sûreté l’emporte sur la sécurité traditionnelle. Par conséquent, nos professionnels de la sécurité mettent plus que jamais l’accent sur l’application des politiques de sûreté.

Enfin, en réponse à ma question cherchant à savoir où se trouve l’intersection entre la sécurité et la sûreté, j’estime qu’elles se rejoignent régulièrement en cours de route afin de minimiser le plus possible les dangers, les menaces, les risques et les pertes.
 
John Slater est le directeur général du Corps canadien des Commissionnaires, Alberta du Nord, et président de la filiale d’Edmonton d’ASIS.