La sécurité sous toutes ses formes

By Michael Lea, Kingston Whig-Standard                                     

Les Canadiens sont conscients de la difficulté qu’éprouvent souvent les anciens combattants à se rajuster à la vie civile, explique Bill Sutherland, président national de Commissionnaires, anciennement connu sous le nom « Corps canadien des Commissionnaires ».

Cette entreprise de sécurité embauche de nombreux vétérans des Forces armées canadiennes et offre des services de sécurité au gouvernement fédéral. M. Sutherland souligne également qu’un autre secteur pourrait en faire beaucoup plus pour aider les vétérans. « Nous encourageons le secteur privé à relever le défi, a-t-il précisé. L’embauche est l’un des meilleurs hommages qu’on peut rendre aux anciens combattants et un excellent moyen de leur montrer que nous apprécions leurs sacrifices et leur service. »

M. Sutherland commentait les résultats d’un sondage indiquant que deux tiers des Canadiens croient que les vétérans ont de la difficulté à trouver des emplois à la fin de leur service militaire et que plus de répondants que jamais croient que les services de soutien offerts aux vétérans sont carrément insuffisants.

Au palier local, Michael Voith, lieutenant-colonel à la retraite et chef de la direction de la division de Kingston de Commissionnaires, précise que c’est la marge de profit qui fait très souvent obstacle à la décision des entreprises du secteur privé de confier leurs besoins de sécurité à sa division.

Le secteur de la sécurité est concurrentiel, a-t-il ajouté, et tous les acteurs du milieu mettent tout en œuvre pour maintenir les coûts au plus bas niveau possible.

« C’est essentiellement une course vers le bas de l’échelle salariale », a précisé Voith. Selon lui, le salaire minimum est très souvent la norme dans cette industrie. « Nous offrons toujours un salaire supérieur au minimum. En fait, nous refusons d’offrir le strict minimum. »

Cette une politique toutefois qui pourrait mettre les bâtons dans les roues de cet organisme lorsque vient le temps de répondre aux appels d’offres.

« Il y a des entreprises qui ne regardent rien d’autre que le chiffre au bas de la page et ne rattachent aucune importance à la qualité des agents qu’ils embauchent », a expliqué Voith.

Selon Voith, la qualité de l’effectif de Commissionnaires est supérieure à la norme, mais ça ne veut rien dire pour les entreprises qui s’intéressent uniquement au prix.

« Ils se contentent de ce que le fournisseur le moins cher est en mesure d’offrir, a-t-il ajouté. Nous sommes régulièrement confrontés à ce genre de situation. »

Voith, un vétéran avec 33 ans de service militaire dans divers postes de commandement et d’état-major, précise en outre que Commissionnaires est une entreprise sans but lucratif qui refile 90 % de ses revenus à ses employés sous forme de salaire et d’avantages sociaux.

« Nous nous sommes engagés à offrir le meilleur salaire possible ; toutefois, nous sommes contraints par les limites du secteur, mais les salaires de nos employés sont généralement meilleurs que ceux des employés de nos concurrents. De plus, nous offrons des avantages sociaux qui n’existent tout simplement pas chez la majorité des autres fournisseurs. »

Commissionnaires est le plus important employeur de vétérans canadiens du secteur privé et compte actuellement un effectif de quelque 20 000 employés.

« Commissionnaires est présent partout au Canada et personne n’embauche plus de vétérans que nous. C’est notre mission après tout », a souligné Voith.

Selon la localité où ils travaillent, les commissionnaires s’acquittent d’une multitude de fonctions : agents de sécurité (entreprises, institutions, installations, etc.), surveillance, évaluations des risques et des menaces, application des règlements municipaux, identification, empreintes digitales et formation.

Le premier Corps des Commissionnaires a été fondé en 1859 par Edward Walter, capitaine à la retraite qui a servi durant la guerre de Crimée. Capitaine Walter cherchait un moyen d’aider les vétérans de l’armée britannique à faire la transition à la vie civile.

Il a réussi à convaincre ses amis et ses connaissances à embaucher son premier groupe de sept vétérans.

Ce n’est qu’en 1925 que le Corps a vu le jour au Canada, puisqu’il n’existait à l’époque aucun mécanisme de sécurité sociale pour les soldats à la fin de leur service militaire.

Le premier bureau ouvrit ses portes à Montréal, suivi de bureaux à Toronto et Vancouver. Ces derniers avaient pour mission d’offrir des emplois transitoires ou permanents aux vétérans, principalement comme agents de sécurité affectés aux immeubles du gouvernement.

En 1948, on trouvait des bureaux de Commissionnaires aux quatre coins pays et en 1982 l’organisme comptait 10 000 employés. À l’heure actuelle, il y a 15 Divisions de Commissionnaires à l’échelle du pays et l’organisme est présent dans toutes les provinces et tous les territoires.

La Division de Kingston et des environs a été établie en 1947 ; son territoire s’étend de Cornwall à Oshawa et vers le nord jusqu’aux chutes Smiths et Perth.

La division emploie six à sept cents hommes et femmes.

« Nous avons pour mandat d’offrir des emplois aux anciens membres des Forces canadiennes et de la GRC », a souligné Voith.

Près de la moitié sont des anciens membres Forces armées, et le reste sont des anciens policiers ou des anciens employés du service correctionnel et du ministère des Ressources naturelles.

De plus, contrairement à la notion que tous les commissionnaires sont des ex-soldats aux cheveux gris, il convient de noter que bon nombre d’employés sont nouvellement diplômés des programmes collégiaux de techniques policières ou de justice et cherchent à acquérir de l’expérience en attendant un poste de policier.

Les autres employés sont des individus qui n’ont aucun antécédent de service policier ou militaire, mais qui s’intéresse à une carrière dans le secteur de la sécurité.

Les gens optent pour Commissionnaires pour une multitude de raisons. Certains sont à la recherche d’une seconde carrière un peu moins stressante que leur première carrière de militaire. D’autres ont un peu plus de difficulté à trouver un emploi à leur départ des forces.

« Nous offrons certainement de très bonnes options, a ajouté Voith. Si vous cherchez un travail, joignez-vous à notre équipe ! »

Commissionnaires offre des postes à temps plein et à temps partiel.

« Nous sommes également équipés pour adapter les postes aux besoins particuliers des employés. »

Par exemple, il pourrait être nécessaire d’adapter un poste pour un soldat souffrant de TSPT ou de blessures.

« Nous faisons notre possible pour les aider, a ajouté Voith. Les vétérans reviennent souvent blessés du champ de bataille. Ce n’est rien de neuf. Nous aidons nos vétérans à relever ce genre de défi depuis nos débuts. »

Cette question est toutefois revenue sur le devant de la scène avec le retour des soldats d’Afghanistan.

« Beaucoup de soldats étaient impliqués dans ce conflit et cela entraîne nécessairement un lourd bilan de blessures physiques et émotionnelles. Nous leur tendons la main et, s’ils ont besoin de travailler, nous mettons tout en œuvre pour leur trouver des emplois », a ajouté Voith.

Le régime d’avantages sociaux de Commissionnaires comprend en outre des programmes de soutien pour les employés qui composent avec des troubles familiaux ou qui ont besoin de consulter un spécialiste. Le ministère des Anciens combattants prévoit également des programmes de soutien pour les vétérans.

« Un bon nombre » de soldats revenus de l’Afghanistan sont maintenant des commissionnaires.

Ils restent parfois jusqu’à ce qu’ils trouvent autre chose et parfois ils choisissent de faire carrière avec nous.

Selon Voith, il y a des commissionnaires avec 40 ans d’ancienneté.

« Il n’y a pas de formule fixe. Le vécu de chacun est différent. »

L’organisme fournit également toute la formation nécessaire pour entrer en fonction comme commissionnaire.

« Notre programme de formation d’agent de sécurité est probablement le meilleur de l’industrie », a ajouté Voith.

L’organisme offre bien plus que les 40 heures exigées par le gouvernement de l’Ontario.

« Étant donné que nous sommes un fournisseur de services de sécurité du gouvernement du Canada, nos agents doivent suivre une formation considérablement plus poussée que les employés des autres compagnies de sécurité »

Autrement dit, les agents doivent suivre 16 heures de formation supplémentaires afin d’acquérir un niveau supérieur d’expertise, sans compter la formation adaptée parfois nécessaire pour les affectations sur certains sites plus spécialisés comme les hôpitaux et les universités.

« Nous accordons beaucoup d’importance à la formation et nous sommes bien conscients de la mesure dans laquelle elle complète les compétences acquises lors du service militaire, a-t-il expliqué. Somme toute, nos programmes nous permettent de produire d’excellents agents de sécurité ; vastement supérieurs aux agents qui suivent le minimum de formation prescrite par les lois de l’Ontario. »

Les commissionnaires ne sont pas armés.

« Nous sommes des agents de sécurité et non des agents de police. Notre rôle et d’observer et de signaler. »

Ailleurs dans le pays, comme dans l’Ouest et les provinces maritimes, les commissionnaires sont souvent affectés aux services de soutien aux activités policières où ils s’acquittent de nombreuses fonctions qui, en Ontario, seraient typiquement réalisées par des agents de police. Par exemple, les commissionnaires peuvent être affectés à la garde des détenus, à la surveillance par radar photographique ou à la protection des lieux de crime. Ces services permettent aux municipalités de mieux contrôler les coûts policiers.

Dans la région de Kingston, les commissionnaires travaillent à la base militaire, au Royal Military College, à l’Université Queen’s, aux bibliothèques municipales et à l’Hôtel de Ville.

La plupart des affectations relèvent de contrats avec le gouvernement, malgré qu’il y ait quelques postes dans le secteur privé. Toutefois, il y a un plus grand nombre de contrats relevant du secteur privé à l’extérieur de Kingston.

« Nous sommes un fournisseur de services de sécurité du gouvernement du Canada, mais nous avons également plusieurs contrats commerciaux et chacun de ces contrats a des exigences particulières. »

Dans certains cas, les fonctions sont plus technologiques, comme la surveillance vidéo, tandis que d’autres sont plus simples comme le contrôle d’accès.

« Que ce soit un immeuble du gouvernement ou une usine, les fonctions varient énormément d’un site à l’autre, a expliqué Voith. En fin de compte, peu importe les mesures technologiques en place, une présence humaine demeure essentielle, et ce, autant pour faire la surveillance que pour maintenir la technologie. »