le 1 février 2017
Patrick Blennerhassett
Bien que ce secteur soit en pleine croissance au Canada et ailleurs, l’embauche demeure problématique.
Selon les initiés du secteur, l’industrie de la sécurité se développe tellement rapidement qu’elle se trouve maintenant face à des obstacles énormes pour ce qui est de l’embauche et du maintien en fonction d’un nombre suffisant d’employés.
Dan Popowich, chef de la direction de l’entreprise de sécurité Commissionnaires CB, souligne que la demande pour les services de sécurité et les services de soutien aux activités policières est à la hausse depuis quelques années, et ce, dans tous les secteurs – aéroports, gouvernements locaux, pipelines, universités, construction et autres.
« La croissance est énorme, a ajouté M. Popowich. Selon un rapport que je viens de lire, le taux d’embauche du secteur de la sécurité privée du Canada aurait augmenté de l’ordre de 40 % au cours des cinq dernières années. À l’heure actuelle, le Canada à lui seul compte 140 000 intervenants dans ce secteur. »
M. Popowich ajoute qu’il demeure difficile pour les entreprises comme Commissionnaires BC, une société à but non lucratif avec 2 100 employés à l’échelle de la province et des recettes annuelles de 50 millions de dollars, à trouver de bons employés.
« La difficulté s’explique largement par le salaire, a-t-il expliqué. Ce n’est pas le salaire minimum, comme le pensent plusieurs, mais c’est loin d’être extraordinaire. Il se peut même que certaines entreprises n’offrent que le strict minimum. Dans l’ensemble, la plupart des entreprises compétentes du secteur, disons les 8 à 10 meilleures, paient plus que le salaire minimum ; on pourrait même dire qu’il y a possibilité de gagner de très bons salaires. »
L’obstacle principal selon M. Popowich consiste à trouver des candidats avec des connaissances technologiques. Les fonctions de sécurité englobent de plus en plus des tâches comme la gestion des enregistrements des caméras de sécurité, les communications électroniques et l’utilisation d’appareils comme les iPad. Il ajoute toutefois qu’il existe encore des postes de sécurité de base nécessitant moins de formation, comme la surveillance des chantiers de construction, mais que ceux-ci sont de moins en moins nombreux. M. Popovich a également indiqué qu’il ne croit pas que l’arrivée de nouveaux immigrants puisse aider à régler le problème de maintien en poste.
« Bien que nous encouragions les immigrants à postuler, nous constatons que la plupart de ces candidats ne possèdent pas les compétences linguistiques recherchées ; c’est-à-dire que leur anglais écrit et parlé est souvent trop faible pour un emploi au sein de notre entreprise. »
De surcroît, M. Popovich fait remarquer que les entreprises ne sont pas généralement prêtes à payer plus cher pour un contrat de sécurité, ce qui crée un cercle vicieux pour l’industrie de la sécurité.
« Si nous étions en mesure d’offrir un meilleur salaire, nous attirerions bien sûr un autre calibre de candidats, a-t-il précisé. De même, il serait possible d’offrir des formations supplémentaires à nos agents si nous pouvions augmenter nos prix. »
Selon les statistiques du gouvernement de la Colombie-Britannique, la demande pour les services d’agent de sécurité a augmenté ; 16 164 permis ont été approuvés en 2009 par rapport à 17 590 en 2015. Il y a également eu une croissance du nombre de consultants de sécurité, d’installations de systèmes de télévision à circuit fermé et d’installations protégées par alarme sous surveillance au cours de la même période. L’on notait en 2016 une augmentation de 7,4 % de la demande générale pour les services de sécurité, ce qui représente 244 milliards de dollars.
Paul Stanley, chef de TSC Consulting (cabinet d’expert-conseil en sécurité), détenteur d’une maîtrise en gestion des risques et membre de l’équipe de sécurité de BC Hydro pendant neuf ans, souligne que les salaires des agents de sécurité sont comparables à ceux du secteur de la restauration rapide. Cela ne reflète pas les responsabilités accrues que doivent assumer les intervenants de sécurité, surtout dans le contexte du resserrement constant de la réglementation et des normes de formation.
M. Stanley précise que les grandes entreprises de sécurité du Canada exigent une formation rigoureuse avant d’affecter les agents. La majorité des postes nécessitent également une bonne maîtrise de l’anglais (lecture, écriture et oral) et les intervenants doivent obtenir un permis du gouvernement.
« Les agents de sécurité peuvent participer à une formation en secourisme et RCR offerte par les employeurs, a ajouté M. Stanley. Ils doivent être en mesure de gérer les échanges difficiles avec le public, communiquer avec la haute direction du client, utiliser des logiciels avancés pour rédiger des rapports d’incident, gérer des systèmes complexes de surveillance à circuit fermé et utiliser des systèmes modernes de contrôle d’accès. »
M. Stanley précise en outre qu’il est difficile de trouver des candidats prêts à assumer les fonctions d’agent de sécurité et offrir toute une gamme de services en échange des salaires offerts. Le taux de roulement du secteur est donc élevé.
« C’est loin d’être facile comme vous le confirmerait n’importe quel spécialiste du secteur », a-t-il ajouté.
Selon M. Popowich, certains clients commencent à réaliser que les fournisseurs ne peuvent tout simplement pas soumettre des propositions de contrat à prix drastiquement réduit.
« Ils commencent à comprendre que la qualité du service est directement proportionnelle au prix. »