le 6 juin 2013
Cible pour les voleurs, terroristes, et simples curieux, la société de services publics EPCOR fait appel à l’expertise d’un spécialiste de la sécurité
Linda Johnson, Canadian Security Magazine
Janvier / Février 2012
Même avant les attentats du 11 septembre, les sociétés de services publics étaient affrontées à des défis redoutables en matière de sécurité. Les centrales électriques et les usines de traitement des eaux usées ont toujours été et seront toujours soumises aux caprices des opposants, des événements météorologiques extrêmes, et de la simple curiosité humaine.
« Le secteur de l’électricité est comme de la foudre – de la foudre contrôlée. Il nous incombe donc de voir à ce que tout le monde est adéquatement protégé, et ce, autant dans le contexte de nos propres opérations que des événements en dehors de notre contrôle », a indiqué Scott Yost, gestionnaire en chef de la sûreté et des urgences du bureau d’Edmonton de la société EPCOR Utilities en Alberta.
EPCOR gère des centrales électriques et des installations de traitement d’eau potable et d’eaux usées en Alberta, Colombie-Britannique, et Arizona. La société distribue 14 % de l’énergie consommée en Alberta et, à Edmonton seul, la société approvisionne en électricité plus de 300 000 consommateurs résidentiels et commerciaux.
« Nous avons été très chanceux. Nous avons implanté de nombreuses stratégies d’atténuation dont plusieurs ont été élaborées par suite à notre association avec le Corps des Commissionnaires », a indiqué Yost en parlant du fournisseur qui veille à la sécurité des infrastructures critiques de cette société depuis 1998.
À partir de son siège social à Edmonton, la Division du Nord de l’Alberta du Corps canadien des Commissionnaires veille à tous les besoins de sécurité de la société EPCOR, offrant, entre autres, des services d'agents stationnaires, de surveillance vidéo à distance, et de protection des cadres. « Notre division est un véritable centre de service complet équipé pour répondre à tous les besoins de la société EPCOR », a indiqué le directeur général John Slater.
À l’heure actuelle, a-t-il précisé, le problème de sécurité le plus courant auquel est affronté le secteur du traitement de l’eau et de la distribution électrique est le vol de fil de cuivre. Au cours des dernières années, les prix des métaux ont atteint des niveaux sans précédent. Par conséquent, les grandes réserves de cuivre des tours de téléphonie cellulaire, des chantiers de construction, et des postes de transformation en font des cibles très attrayantes. Néanmoins, la prévention du vol n’est pas l’unique préoccupation de notre division, a ajouté Slater, nous devons également tenter de minimiser le risque de décès et de blessures des voleurs. Plusieurs d’entre eux sont des amateurs qui ne comprennent tout simplement pas les risques de couper des lignes à haute tension.
« C’est un problème majeur. Nous avons même vu des gens se rendre par bateau sur la rivière Saskatchewan Nord, couper la clôture, et rouler les bobines de fil le long des berges. Ils ne sont jamais en manque d’idées », a-t-il ajouté.
Il y a également d’autres facteurs qui incitent les gens à menacer les infrastructures, a précisé Yost. Parfois, c’est une interruption de service pour défaut de paiement, d’autres fois, ce sont des propriétaires qui s’opposent à l’installation de tuyaux sur leur propriété, et d’autres fois encore, c’est de la simple curiosité. Il y a quelques années, une personne qui s’est introduite de force dans une sous-station pour voler des courroies de mise à la terre s’est électrocutée. Elle y a survécu, mais les dommages qu’elle a causés auraient pu blesser quelqu’un d’autre.
« La principale source de préoccupation dans ce cas-là n’était pas l’entrée par effraction ; d’une perspective purement pécuniaire, le coût du remplacement de ces courroies n’était que minime. C’était plutôt l’ouverture dans la clôture qui nous préoccupait ; que serait-il arrivé si un enfant passant par là en avait profité pour explorer le cache d'équipements de l’autre côté ? Le risque de blessure aurait été énorme », a ajouté Yost.
« De plus, ce n’est plus simplement une question de terrorisme, bien que ce fût la préoccupation principale en 2004, a-t-il ajouté. Aujourd’hui, nous adoptons plutôt une approche globale centrée sur la protection des gens et de leur intérêt dans les sources d’eau potable et d’électricité. »
Le partenariat entre le Corps et EPCOR a beaucoup évolué au fil des années. Initialement, le corps fournissait uniquement des agents stationnaires. Ensuite, des patrouilles mobiles se sont avérées nécessaires en raison de la grandeur des installations et de la distance entre les différents sites. En 2010, la société a ajouté des services de surveillance vidéo à distance (une technologie utilisée depuis 2001 dans les entreprises de petite taille).
« Nous avons ouvert la voie à la surveillance vidéo à distance qui, à l’époque, était une technologie de pointe dans le secteur de la sécurité du Canada », a précisé Slater.
« À ma connaissance, notre centre des opérations est unique en son genre au Canada. Nous sommes équipés pour la surveillance vidéo à distance, le suivi des biens par GPS, et la surveillance des employés isolés. »
La surveillance à partir de ce poste central installé au siège social de la division au centre-ville d’Edmonton est liée aux événements. Des douzaines de caméras couvrent une multitude de sites, mais rien n’apparait à l’écran avant qu’un événement déclenche les capteurs des caméras. Par la suite, un signal sonore alerte les opérateurs du centre à consulter la caméra couvrant la région en question.
« Une alarme peut aussi facilement être provoquée par un orignal venu se gratter le dos contre la clôture que par des intrus qui essaient de passer en dessous, ce qui nécessiterait naturellement une intervention », a expliqué Slater.
Toutes les infrastructures et sous-stations critiques d’EPCOR sont sous surveillance à distance, a précisé Yost, soulignant que c’est un élément crucial de la sécurité de cette société. Les contrôles en temps réel et les patrouilles virtuelles permettent l’identification rapide de tout problème et la mise en place immédiate de mesures d’intervention.
Il y a plusieurs années, le Corps avait mis fin au service de surveillance vidéo à distance. Néanmoins, le service a été rétabli à la demande de certains grands clients, dont notamment EPCOR.
« Nous avons étudié la possibilité de le faire nous même, mais d’une perspective purement commerciale, nous avons décidé que ce ne serait pas la meilleure façon de faire, a ajouté Yost. À l’heure actuelle, nous comptons sur eux pour la surveillance de huit sous-stations et nous prévoyons en ajouter deux cette année. »
De plus, contrairement à l’ancien système, l’équipement vidéo appartient à EPCOR. « Nous avons transféré la plateforme aux commissionnaires et nous l’opérons à partir d’une plateforme de contrôle, a-t-il ajouté. Nous fournissons le logiciel de bureau et l’application client et ils fournissent les capacités de surveillance. »
La surveillance à distance permet également à EPCOR de respecter les exigences de la loi de l’Alberta relativement à la protection des infrastructures essentielles qui exige, entre autres, la mise en place d’un plan d’intervention aux alarmes pour les installations de services publics. La surveillance vidéo en temps réel règle en outre le problème des fausses alarmes en éliminant la nécessité de se rendre sur place pour confirmer l’incident.
« Selon le temps de l’année, l’emplacement du site, et la charge de travail des commissionnaires, il n’est pas toujours facile de se rendre sur place pour confirmer s’il s’agit d’un incident réel. »
Il y a six ans, Les Commissionnaires a affecté un coordinateur des services à la clientèle ; cet employé du Corps travaille avec le service de sécurité d’EPCOR et gère tous les commissionnaires affectés à ses installations. Dans le cadre de ses fonctions quotidiennes, il coordonne les patrouilles et règle toute question disciplinaire.
« Il fait essentiellement partie de notre équipe. Il travaille dans notre section et nous le voyons tous les jours. En plus de nous faire des mises à jour régulières, il fait le suivi des alarmes, s’occupe d’une montagne de paperasse, et actualise les procédures d’exploitation. Il fait un excellent travail », a ajouté Yost.
Établi en 1925, Les Commissionnaires a pour mandat d’offrir des occasions d’emploi valorisantes aux anciens membres des Forces canadiennes et de la GRC. Aujourd’hui, 17 entreprises indépendantes sans but lucratif réparties aux quatre coins du pays emploient quelque 20 000 professionnels de la sécurité.
« Bien que nous embauchions également des civils, c’est notre vaste bassin d’anciens combattants qui constitue nos fondations. C’est grâce aux compétences de leadership et à la discipline qu’ils ont acquises lors de leurs carrières militaires que nous nous distinguons si clairement de tous les autres acteurs du secteur », a ajouté Slater qui a servi pendant 31 ans comme officier du Princess Patricia’s Canadian Light Infantry des Forces canadiennes.
Sous la direction de Slater, cette division établie en 1939 déploie un effectif de quelque 840 commissionnaires au service du Nord de l’Alberta, du Nunavut, et des Territoires du Nord-Ouest. Une quarantaine de commissionnaires sont affectés au contrat EPCOR, malgré que ce nombre puisse varier en fonction de la demande. La division déploie également quatre ou cinq patrouilles mobiles chaque soir dans la grande région d’Edmonton.
« Dans le cadre de leurs fonctions, ils inspectent certains sites d’EPCOR et servent de renfort pour les agents stationnaires », a ajouté Slater.
Depuis 1998, EPCOR lance un appel d’offres tous les trois ans pour ce contrat de sécurité dont la valeur annuelle s’élève à 1,9 million de dollars. Et, selon Yost, Les Commissionnaires décroche ce contrat chaque fois largement parce que la division est équipée pour offrir tous les services demandés et répondre à une multitude de demandes de dotation pour ses nombreux projets spéciaux de courte durée.
« Dès qu’il y a une rupture d’aqueduc à réparer ou une liaison souterraine électrique pour un nouveau poste de transformation à installer, ils nous appellent pour nous demander d'affecter du personnel à des projets pouvant durer de deux semaines à deux mois, a ajouté Slater, et nous répondons sans faute à l’appel en déployant un personnel de qualité. »
Yost a notamment ajouté qu’il a toujours été impressionné par le faible taux de roulement du personnel du Corps. Certaines des affectations aux infrastructures d’EPCOR datent de 1998.
« Je constate que les employés du Corps font preuve d’une très grande loyauté envers leur employeur et le taux de roulement [EPCOR] est très faible. L’on s’attend généralement à un taux de roulement très élevé dans les affectations liées à un contrat de sécurité », a-t-il expliqué.
« Ils font le nécessaire pour garder leurs employés. Ils s’occupent d’eux et leur offrent une bonne formation. Ils font également le nécessaire pour résoudre les problèmes rapidement et efficacement. »
Cette année, en plus d’assurer la sécurité lors de la démolition de la centrale Rossdale d’EPCOR (datant de 1903), la division a été choisie pour la sécurité de la nouvelle tour EPCOR – le premier gratte-ciel commercial bâti à Edmonton en 20 ans.
Outre la sécurité générale de cet immeuble qui vient d’ouvrir ses portes en septembre, le Corps sera responsable de la sécurité des trois locataires qui s’y sont installés jusqu’à présent, du service de concierge à l’entrée, et du contrôle d’accès au stationnement.
« Nous nous occupons de tout, a précisé Slater, y compris le système général de sécurité, la réception, et tous les étages de l’immeuble. »
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